Nuits sans rêves

Tout ce silence
Qui rend sourd
Cette boule au ventre
La lumière qui décline
Au fond des iris
L’absence de naturel
Et le manque d’oxygène
À force de serrer les lèvres
Tout ça
Pour qui
Pour quoi
 
Braille
Hurle
Mords la terre
Crache la poussière
Maudis ton cœur d’artichaut
S’il le faut
Mais ne t’abandonne pas
À ces nuits sans rêve
Ces matins sans odeur
Où luit faiblement
Le gris des cendres
De ton passé cent fois composé
Consumé
 
Tu avais à peine un an
Quand tu appris à marcher
N’arrête pas maintenant
Belle enfant
Tiens-toi
Bien droite
Avance
Même un petit pas
Lentement
Si tu sens le plancher qui tremble
Mais avance
 
Tu le vois ton mur de feu?
Tu sens sa brûlure contre ton front
Contre ton cou
Là où tu aimais tant ses caresses
Sa langue chaude après le souper
Vas-y
Traverse
Fonce
Ça brûlera quand même
Mais moins longtemps
 
De l’autre côté
Se trouvent des nuits à rêver
Sous des plafonds si hauts
Qu’aucun de tes désirs
Ne viendra jamais plus s’y buter
Puis s’écraser
Plus jamais
 
Et puis
Il y a aussi
Quelqu’un qui t’attend
Qui piaffe d’impatience
En battant la mesure des févriers qui passent
Qui t’espère
T’appelle depuis tant d’hivers
Que tu ne perçois même plus son chant
Sa voix d’alto
Sur l’autoroute
 
Il y a toi
La vraie toi
Purifiée par le feu
Libérée par l’amour
De toi
À toi
 
Belle enfant
****
il y a des nuits où l’on ne rêve plus
et que passent les heures
les leurres
(34 septembre – Claire Denamur)
 

6 réflexions sur “Nuits sans rêves

  1. « …des nuits à rêver
    Sous des plafonds si hauts
    Qu’aucun de tes désirs
    Ne viendra jamais plus s’y buter… »
    Exquisite Catherine… On la fait quand cette chanson…..

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  2. Votre plume dandine, voltige au-dessus de l’ardent.
    Votre plume, ininflammable.
    Votre plume , capteuse de rêves.

    Encore mes hommages, chère insomniaque.
    Ce texte m’a profondément touché.
    Un torrent de sensibilité.
    Nobellissima.

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  3. Dans la tirelire où vous glissez à l’occasion les meilleurs de vos mots, il faut maintenant absolument y mettre : « en battant la mesure des févriers qui passent ». Vigneault vous la jalouserait celle-là.
    Libérer par l’amour… libéré par l’amour… libérez par l’amour… libérée par l’amour…

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