Le baiser

Au commencement
Il y a mes yeux
Plantés dans les siens
Convaincus
Assurés
Comme drapeau planté
Sur terre conquise

Puis mes yeux appellent ses mains
Sur ma joue
Une après l’autre
La droite en premier
Pianissimo
La gauche suit
Guidée par la chaleur de sa grande sœur

Ses mains commandent ma tête
Qui s’approche
Un effluve s’élance entre sa peau et la mienne
Discret
Boisé
Vétiver de Guerlain
Peut-être

Mon nez sur ses lèvres
À pas comptés
Deviner le fruit
Respirer ce pinot gris
Sur ses papilles
Jus encore frais
Malgré la fièvre des joues

Puis lentement relever ma tête
Baptisée par le vin
Pour unifier nos souffles

Yeux fermés
Frémir à chaque battement de tempe
Avant d’accoster la lèvre
Jeter l’ancre
En cette langue affranchie
Et explorer le nouveau continent
Amazone en sa chair

À la fin il y a mes yeux
Qui s’entrouvrent
Larmes salées
Qui coulent
Sur ce désert sans bouche
Sur mon plafond où brille encore
La noirceur d’un cœur troué

****

 « Un baiser fait moins de bruit qu’un canon mais l’écho en dure plus longtemps. » Oliver Wendell Holmes

18 réflexions sur “Le baiser

  1. Quelle fine et efficace expression de sensualité. D’ailleurs, je vous écrit de mon bain de glace où j’essaie de me calmer un peu. Le jeu mâle des mains qui commandent la tête, l’appuie femelle du nez sur les lèvres qui dit bien mieux Oui que de dire Oui . Et puis, « accoster la lèvre et jeter l’ancre »… pas de bzzz bzzz pour moi mais un foutu goût de redevenir goulument pirate. Il me semble que le monde tournerait moins carré si à chaque jour un homme devait embrasser une femme avec un tel abandon. Vous écrivez comme un peintre.

    « Les talons hauts ont été inventé par une femme qu’on avait embrassé sur le front ».
    Sacha Guitry

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  2. Je chante un baiser
    Je chante un baiser osé
    Sur mes lèvres déposé
    Par une inconnue que j’ai croisée
    Je chante un baiser

    Marchant dans la brume
    Le cœur démoli par une
    Sur le chemin des dunes
    La plage de Malo Bray-Dunes

    La mer du Nord en hiver
    Sortait ses éléphants gris vert
    Des Adamo passaient bien couverts
    Donnant à la plage son caractère
    Naïf et sincère
    Le vent de Belgique
    Transportait de la musique
    Des flonflons à la française
    Des fancy-fair à la fraise

    Elle s’est avancée
    Rien n’avait été organisé
    Autour de moi elle a mis ses bras croisés
    Et ses yeux se sont fermés fermés

    Jugez ma fortune
    Sous l’écharpe les boucles brunes
    C’est vrai qu’en blonde j’ai des lacunes
    En blonde j’ai des lacunes

    Oh le grand air
    Tournez le vent la dune à l’envers
    Tournez le ciel et tournez la terre
    Tournez tournez le grand air
    La Belgique locale
    Envoyait son ambiance musicale
    De flonflons à la française
    De fancy-fair à la fraise

    Toi qui a mis
    Sur ma langue ta langue amie
    Et dans mon cœur un décalcomanie
    Marqué liberté liberté chérie
    Je donne des parts
    Pour ce moment délicieux hasard
    Adamo MC Solar
    Oh ! tous les milliards de dollars
    Le vent de Belgique
    Envoyait mélancolique
    Ses flonflons à la française
    De fancy-fair à la fraise

    Si tout est moyen
    Si la vie est un film de rien
    Ce passage-là était vraiment bien
    Ce passage-là était bien

    Elle est repartie
    Un air lassé de reine alanguie
    Sur la digue un petit point parti
    Dans l’audi de son mari
    Ah ! son mari

    Je chante un baiser
    Je chante un baiser osé
    Sur mes lèvres déposé

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      1. Ya pas de quoi, en lisant ton texte j’ai immédiatement pensé à cette chanson de Souchon.

        Et si tu ne le savais pas, Ray Lamontagne sera en spectacle à Montréal le 28 mai prochain.

        Les billets seront disponibles ce samedi 5 mars à midi sur evenko.ca ou ticketpro.ca.

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  3. Ce texte est superbe, enivrant. Il me rappelle qu’il y a beaucoup trop longtemps que j’ai été embrassée, pour vrai… Quel bonheur de se sentir si proche d’un autre être. J’ai toujours cru qu’un baisé est beaucoup plus personnel que bien d’autres choses se passant sous la couette et j’en suis plus que jamais convaincue.

    Quelle belle plume! Merci, merci.

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  4. Je travaille pour une boîte à chansons.
    Une boîte à chansons dans le bois et dans la nuit.
    Les gens y chantent, les gens y dansent le soir mais dans ma nuit …

    J’y suis le chansonnier, l’interprète-édulcorant.
    Je tends les hips et je tends les hops.
    Je connais la femme de ménage de Desjardins.

    Ma blonde finit son shift dans la cuisine et part des fois.
    Elle m’abandonne de son meilleur baiser.
    24 années de beaux baisers.

    Survient comme un last call improvoqué.
    Où les danseurs sortent enivrés.
    Où mes fantômes viennent d’entrer.

    Je redeviens seul sur le tabac de course.
    J’allume le dedans, j’éteint dehors.
    Et jusqu’à l’aube, et jusqu’au plus possible.

    Je danse sur Radiohead.
    En espérant que le quidam qui dehors m’épie,
    Remettre une bûche avant de danser.

    If I could be who you wanted, all the time, all the time.

    x

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      1. Vos mots suffisent à trancender cette froide et granuleuse nuit, telle une torride immersion.
        Tel le soudain détachement d’un fruit tropical.

        Peut-être ai-je peur d’un rapprochement « Mistral »?

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  5. Un baiser qui s’inscrit aussi bien aux pores de votre peau que dans le miroitement de vos pupilles.
    Décomposer en deux mots: Passion et envie.

    C’est toujours un plaisir de vous lire Insomniaque.

    Bien à vous

    Cortisone

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  6. Bonjour belle insomniaque,

    tu me donne envie de retourner a la maison et de deposer sur les levres de ma conjointe, cet endroit si famillier, un baiser comme celui-ci, comme je l’aurais fait aux premiers jours de notre relation.

    D’ignorer tout l’eau qui depuis a coule sous les ponts pour ne sentir que passion et tendresse ces choses qui tendent a se dissiper avec le temps et finir le tout dans une etreinte passionnelle ou nos pas sans que l’on ne les commandent nous dirige vers un endroit ou le confort sera assez decent pour qu’on recommencent a se pratiquer a faire des enfants.

    Je croyais cette flamme bien eteinte en moi…

    Merci

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    1. Oooh ma belle et gentille Cortisone,
      je suis confuse et honteuse. J’étais CERTAINE de vous avoir répondu, je me souviens très bien m’être récitée la réponse dans ma tête avant de l’écrire mais de toute évidence, le passage au clavier ne s’est pas fait…et ces derniers jours j’ai été très occupée dans les autres sphères de ma vie et donc moins présente sur mon blogue.
      Voici ce que je pensais vous avoir écrit:

      Ma chère Cortisone,
      vos commentaires me font toujours plaisir, ils sont empreints d’une poésie et d’une sensibilité qui me touchent et j’ai parfois l’impression que vous décodez avec grande précision les labyrinthes de mon âme.
      Et vous lire sur votre blogue est également un plaisir dont je ne me prive jamais.
      (Et merci d’avoir cité le mien parmi vos préférés lors de ce sympathique concours que vous avez fait entre copains blogueurs).
      🙂

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