Tu le veux comment?

3h15 am.

Ça fait longtemps Guy.

–         Longtemps quoi biquette?

Que tu ne m’envoies plus personne la nuit.

–         Ah la la, on ne pourrait pas simplement s’inquiéter du temps qui passe, angoisser un peu sur l’avenir des enfants et s’endormir en pleurant, comme d’habitude?

Pas ce soir. Envoie-moi un petit fantasme du vendredi. Tu te souviens de Roméo? Celui qui récitait Shakespeare et me préparait des pâtes? Tu l’as encore en stock?

–         Oublie Roméo. À force d’en parler à ta psy, elle est partie avec.

Trouve quelqu’un d’autre alors.

–         Tu le veux comment?

Grand.

–         Non pas grand. Passé six pieds, le sang ne se rend plus au cerveau.

Drôle.

–         Tu parles d’un critère. Si tu as besoin de rire tu vas au cirque ou tu arrêtes de t’épiler, ça sera mourant. Mais t’as pas besoin de ça dans ton lit, fillette. Pas dans ton lit.

Un musicien.

 –         T’as envie d’être jalouse d’une guitare?

Sensible.

–         Aah suffit ces hommes qui pleurent! Tu les consoles et après? Tu les allaites et ils font leur rot? Nananan.

Un poète.

–         Béret et ongles d’orteils sales.

Un photographe.

–         Un voyeur, oui. Possiblement pervers ou à tout le moins déconnecté de ses sentiments derrière sa lentille.

Un journaliste.

–         T’en as pour des heures à l’écouter parler de son travail avant qu’il ne t’embrasse.

Un avocat.

–         Pardooon?

Ok un médecin.

–         Complexe de Dieu.

Un chef cuisinier alors. J’en rêve!

–         Avec des mains qui sentent le poisson et des cheveux la friture? Bonne chance pour la libido.

Un graphiste.

–         Lunettes noires et air bête.

Un acteur.

–         Insécure.

Acupuncteur.

–         Charlatan.

Informaticien.

–         Asexué.

Guy! Envoie-moi quelqu’un! N’importe qui mais un mammifère au sang chaud, Nom d’une pipe!

–         Doux la poulette coquette carnivore, doux. Je pense avoir quelqu’un pour toi. Celui qu’il te faut. Voici Bertrand.

Bertrand? Issch, beaucoup de consonnes. C’est pas doux comme nom, pas très caressant à l’oreille.

–         À partir de maintenant tu la boucles puisque tu n’as visiblement toujours rien compris. Fais-moi confiance. C’est l’heure de Bertrand.

Quel âge ce zouf ?

–         On s’en fout.

On ne s’en fout pas. Et il fait quoi pour gagner ma vie ce nom de professeur de littérature à l’haleine médiévale?

–         On s’en balance.

Pas d’âge pas de boulot, tu ramollis mon Guy. Tu peux faire mieux. Il est mignon au moins?

–         Pauvre fille. Vraiment rien compris.

Mais qu’est-ce qu’il a ce type de si fantastique? Pourquoi tu me l’envoies?

–         Parce qu’il aime son père.

Il aime son père? Euh…et ça change quoi au juste?

–         Tout, pauvre enfant. Ça change tout.

***

« Les jolies filles ne sont pas toujours heureuses et les garçons intelligents sont rarement beaux.»~ Proverbe chinois.

 

 


56 réflexions sur “Tu le veux comment?

  1. Pfff je suis (presque) pas voyeur vous saurez, jeune fille!

    Nah, c’pas vrai, je suis totalement voyeur.

    Et c’est vrai que la lentille est un féroce bouclier. Non pas pour nos sentiments, mais pour la distance voulu pour ne pas créer d’ambiguïté avec le modèle, tout en permettant de créer un contact, une relation de confiance. Comme je passe beaucoup de temps à observer le modèle, la lentille fait en sorte que ça reste à un niveau professionnel. Même lorsque je fais du nu, je ne vois pas une fille nue devant moi, mais bien un magnifique objet à éclairer, il n’y a ainsi aucune tension sexuelle, ce qui gâcherait vraiment tout.

    Assez parlé de moi! Je m’ennuyais de Guy! C’est long, un mois et demi! Glad to see him back!

    Il reviendra, ce Bertrand? C’est un work in progress de la part du rongeur, ou c’est une lubie spontanée?

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  2. « Père manquant, fils manqué »…
    J’approuve. Le fait qu’un fils aime son père démontre qu’il ne fait probablement pas parti du grand club des écorchés sans amour paternel.
    Bertrand est un bon plan!

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  3. Allo, première visite, un peu gêné… :-/

    Viens de finir de lire quelques Insomnies. Le hamster est cool, très rigolo. Et c’est super bien écrit, t’as jamais pensé à publier? Ça a un cachet particulier.

    Entéka, gros thumbs up de transformer un souci en quelque chose de constructif, c’est santé.

    A plus

    Richter

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  4. Je suggère à Guy de proposer quelqu’un qui travaille dans l’aviation. Ils sont habitués aux horaires de fou, donc peuvent s’adapter aux insomniaques!

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    1. Bonsoir,

      Il se peut que tu ne l’as peut-être pas apprécié ce commentaire du 23 venant du coeur. Il est vrai que je suis parfois « trop » franc.

      Salutations à toi,
      Un petit Belge mais assez spécial aussi … 🙂

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  5. Allo

    On se connaît pas. Pas grave. T’as l’air sympa toi, je passe par là rapport à Patrick Lagacé sinon je t’aurais jamais vu. Ton texte est intelligent, surtout le ton. Humour, ironie et tendresse. J’y vois aussi de la lumière, à la chandelle mais quand même. Comme une lueur, à toute heure. Et puis comment peut-on résister à un petit blanc alsacien.
    J’en profite pour te dire que tu as fait une petit coquille, un détail. C’est pas grave mais beaucoup la font et elle me chicotte alors je te la signale, comme ça ton texte n’en serait que plus élégant.

    Voilà, en réponse à Patrick Lemay tu dis « Pour ce Bertrand et bien…on verra… »

    C’est ET bien qui ne vas pas (à moins que ce ne soit volontaire alors ça c’est autre chose). Il s’agit donc d’une exclamation et il faut écrire…eh bien.

    Je suis certain que je fais aussi plein de coquilles (comme d’appeler ça une coquille mais ça c’est volontaire) et je t’en parle juste parce que tu en vaux la peine et que je crois reconnaître ta qualité d’écriture.

    À la prochaine j’espère.

    Dan

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  6. C’est vrai qu’on devrait se foutre un peu plus de la job du gars… Mais, même si dans le fond on le sait bien que ça n’a pas rapport au bonheur, on ne peut s’empêcher d’avoir une opinion. Parmi mes ex, celle qui était la moins matérialiste, pour qui la carrière avait le moins d’importance (à part la dimension « réalisation de soi ») m’a un jour avoué que, oui, elle trouvait quand même ça sexy que j’aie « pdg » sur mes cartes d’affaires. Les problèmes commencent quand, justement, on commence par la job, parce que les jobs sont associées à des clichés. Comme celui du pdg, par exemple.

    @Lucille Les gens sont ploucs. Enfin, pas tous, mais plusieurs. Il faut les accepter comme ça. Les laisser être ploucs. Même parfois les trouver adorables dans leur ploucitude. (Et espérer secrètement de ne pas être le plouc de quelqu’un qu’on admire!)

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  7. « Grand.

    – Non pas grand. Passé six pieds, le sang ne se rend plus au cerveau. »

    Visiblement, Guy est un bas-cul. Frustrés éternellement. Je les comprends, toutefois. Comme disait mon père, un homme que j’adorait, « Un homme, ç’a six pieds » (Excusez son mauvais usage du français, il n’avais pas eu de père, lui). Les sous-hommes ont de quoi être frustrés. Mais reste qu’il à tout faux. Avec la taille du corps viens celle du coeur, qui réussit à irriguer le cerveau, ainsi que les sentiments.

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  8. Tu as oublié le peintre. Je suis là! 🙂
    Avec un peu de toutes les qualités citées: insécure, plus trop de sang au cerveau, etc.

    L’important c’est d’aimer le défaut de l’autre.

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  9. Y’a de ces dimanches où ça vaut la peine de flâner sur le blogue de Patrick Lagacé; on y fait de belles découvertes.
    Touchant et sensible, ton blogue. J’apprécie.

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  10. Bonjour,

    Merci pour les beaux textes, je suis venu de cyberpresse et rarement un clic de souris ne m’a autant satisfait.

    Belle prose et bel humour.

    je t’ai « favorites » a plus tard 🙂

    Gabriel

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  11. Bonsoir,
    Je découvre avec plaisir ton blog et étant insomniaque de nature, je ne peux que te comprendre.
    J’adore la façon dont tu livres tes idées, tes envies et Guy est un vrai phénomène! Esperons que Bertrand comble tes nuits d’insomnies.

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  12. Mon « Guytou », ben t’etais ou? Je te tutoies a present car tu es un vrai copain, toujours la, honnete, franc, un peu direct , mais l’on sait au moins a quoi s’en tenir avec toi.
    Par contre tu pourrais aider un petit peu mieux cette demoiselle de la nuit avec ses tracas et insomnies, d’ailleurs si je m’adresse a toi directement c’est bien pour cette raison, tu devrais faire un chti’ bout d’effort et etre un peu moins dur avec elle.
    Ca ne mange pas de pain apres tout de jouer les chevaliers , de plus je suis certain que ton (n) ego prendra un peu d’empleur en agissant comme un (z)hero (non je ne me moque pas de toi, je fais juste la liaison!) 😉
    Bon allez, zou,
    je te laisses a tes soucis, tes plaisirs (z)aussi et souhaite que tout comme un ptit genie, quelqu’un viendra te frotter le dos et une idee formidable en sortira, un amis de longue date, dote des plus belles qualitees et du corps sculpte dont cette Deesse de la nuit reve tant afin de venir l’assouvir.
    Ps: prends bien soins de toi et en attendant vos prochains dialogues car les nuits d’hiver sont bien longues .
    Je suis vraiment impatient de te voir toi et ta guitare autour d’un feu de camp a chanter des chansons paillarde pendant que suspendus au bout de baguettes de bois , se dorent les guimauves ,a la chaleur des braises que l’on portera a nos bouche a nous en bruler la langue , riant aux eclats sous l’eclairage de luciolles tout comme au bon vieux temps ou l’on partait a la chasse au Dahu » , dans les Vosges du Nord.
    A la revoilure mon ptit Hamster, take care of yourself and each other!

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