Banc de parc
2h30
Pleine lune.
Ils sont encore assis là.
Je les regarde depuis une heure déjà
À travers les lattes de mon insomnie
Je les devine enivrés de face à face
Leur dérobe un quartier de cette lune qui enchemise leurs corps buissonniers
Et me glisse sous sa peau à elle
Peau de nuit collée à la sienne
Elle rit mais d’un petit rire pudique
Comme un soupir qui tendrait la main au danger
Il ferme les yeux et pilote son visage tranquille
À travers les sillons citronnés de son cou
La brousse sauvage de sa crinière
Pour volontairement s’échouer sur cette nuque accueillante et salée
Immobile et imperturbable comme en son dernier repos
Tous moteurs éteints
Il a jeté l’ancre en ses chairs
S’est amarré à son regard d’Atlantique
Et je sens qu’il ne reprendra le large qu’avec sa main dans la sienne
Et je sais qu’elle ne le laissera voyager qu’avec une promesse de terre lointaine
Terre d’accueil
Doux foyer d’assises
Pour leurs corps apatrides
Je vois leurs lèvres bouger
Mais n’entends aucun mot
Leurs échanges ne sont que souffles
Rythmes
Et battements de cils
Elle avance les bras au ciel
Droits comme mâts de Goélette
Sûrs comme neige de janvier
Et rien que pour lui
Trempe ses doigts vagabonds
Dans le nectar d’une lune au ventre rond et poreux
Lune pleine qui craque et déverse son miel
Dans les songes de tous les amants sans-logis
Non ils ne dormiront point
Je les comprends
Comment donc s’assoupir quand l’œil de l’autre vous inonde de sa lumière
Nous voilà au moins trois cette nuit à ne pas trouver le sommeil
Mieux encore
À ne pas le chercher
Belle et troublante insomnie
Où mon regard voyeur s’embue de la liberté
De deux flâneurs enlacés qui blanchissent la nuit
Défient le chant matinal du merle
Et retardent en son lever
Un soleil embarrassé et pâle devant brasero d’amour
Longue et inébranlable vie
À ces passions adolescentes
À l’impulsivité et la folie des âmes jeune
Qui se conservent toujours mieux
Que les corps fatigués qui les hébergent
Tant qu’il y aura des amoureux
Insouciants
La nuit sur un banc de parc
Je me dirai
Rassurée
Que la Terre va continuer de tourner
Dans le sens des agrafes d’une robe
Qui eut crû qu’un banc de parc inspire autant de romantisme au milieu de la nuit…
Continue de nous faire rêver.
Le romantisme est en toi et jaillit en une poésie libératrice et apaisante…
Continue de nous et de te faire du bien…
Pierrot
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Mille mercis.
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Très, très joli. Tu es inspirée! Continue!
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Merci. L’inspiration vient à force de respirer par le nez…
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Catherine….il est 5h00 du mat….dors-tu ?!! Moi, j’me réveille !!
Et je lis……J’aime beaucoup tes confrontations »verminigeuses »; c’est drôle, délirant, un brin psychotique (ouh là, les grands mots !!!) .
Mais par-dessus tout, c’est ta poésie qui me touche….tu joues avec les mots merveilleusement bien…vraiment ! Toujours ils laissent comme un goût de miel !
Et j’ai une étrange impression qu’ils te font grand bien…merci de partager 😉
Au plaisir !
Nathalie
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Merci Nat.
J’apprécie que tu prennnes le temps de m’écrire tout ça.
Et non, je ne dormais pas à 5h du mat’, on aurait pu clavarder!
Quant à mon écriture un brin psychotique, c’est le plus beau des compliments.
🙂
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« il ne reprendra le large qu’avec sa main dans la sienne / elle ne le laissera voyager qu’avec une promesse de terre lointaine »
Toute la vie à deux est dite !
Très beau texte.
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Toujours contente de voir ce gros Oeil apparaître dans ma boîte de commentaires.
🙂
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Belle plume!
J’aime particulièrement:
»Comment donc s’assoupir quand l’œil de l’autre vous inonde de sa lumière ?
Nous voilà au moins trois cette nuit à ne pas trouver le sommeil.
Mieux encore, à ne pas le chercher. »
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Merci Geneviève,
et au plaisir.
🙂
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